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Si l'IA se trompe dans 51 % des cas, alors l'homme est responsable à 100 %

L'intelligence artificielle générative, notamment les modèles de NLP (Natural Language Processing), est souvent perçue comme une source fiable et rapide d'information. Pourtant, une récente étude de la BBC a mis en lumière une réalité inquiétante : ces IA sont sujettes à des erreurs significatives lorsqu'elles traitent l'actualité. Mais si elles commettent ces erreurs, la véritable question à se poser est : d'où viennent-elles réellement ?

L'erreur humaine, racine du problème

Prenons un exemple simple : un journaliste illustre par erreur un article sur le premier atterrissage sur Mars avec une photo d'un alunissage. Un humain attentif remarquera immédiatement l'incohérence. Mais une IA ? Elle ne « voit » pas la scène comme nous. Elle analyse des pixels, des métadonnées, et les compare à des bases de données existantes. Si cette erreur persiste dans plusieurs sources, l'IA l'intègre comme une information probable et l'associe durablement à la Lune.

L'IA ne remet jamais en question l'information qu'elle traite

Ce phénomène illustre un point clé : l'IA ne remet jamais en question l'information qu'elle traite. Contrairement à l'intelligence humaine qui repose sur le doute, la réflexion et la vérification croisée, l'IA fonctionne sur des corrélations statistiques. Elle ne comprend pas, elle probabilise.

Le problème du raisonnement par corrélation

Les IA génératives comme ChatGPT, Gemini, Copilot ou Perplexity ne font que reproduire des modèles basés sur les données qu'elles ingèrent. Si une erreur humaine est présente dans les sources d'entraînement, l'IA la reproduira et la propagera sans jamais la questionner. C'est ainsi que des informations erronées peuvent devenir des « vérités artificielles ».

📊 L'étude de la BBC révèle ainsi que :
51 % des réponses générées par l'IA sur l'actualité présentaient des erreurs significatives.
19 % des réponses basées sur des articles de la BBC contenaient des données incorrectes (chiffres, dates, citations altérées).
13 % des citations supposément issues de la BBC étaient totalement inventées ou modifiées.

Ces résultats montrent que l'IA ne fait pas que copier les erreurs, elle les amplifie.

Pourquoi l'humain reste indispensable

Si l'IA est faillible, ce n'est pas parce qu'elle aurait une quelconque autonomie ou volonté propre, mais simplement parce qu'elle ne fait que traiter l'information qu'on lui donne. Elle n'a pas de cognition critique. Elle ne sait pas douter, comparer ou détecter une incohérence logique. Ce qui fait la force de l'intelligence humaine, c'est précisément cette capacité d'analyse qui permet de dire : « Cette information semble étrange, je vais vérifier ».

Or, dans un monde où l'IA est de plus en plus utilisée pour la création de contenu, la propagation d'erreurs peut rapidement devenir incontrôlable. Si un faux fait est absorbé par l'IA et relayé par d'autres médias, il finit par être perçu comme une vérité.

L'IA ne fait que refléter le modèle créé par l'humain

Si une IA génère des articles contenant des erreurs ou des biais, c'est parce qu'elle a été entraînée uniquement sur les informations présentes sur Internet. Or, qui produit ces informations ? L'homme.

L'humain est responsable de la création de deep fakes, de désinformations, de biais médiatiques, et d'interprétations erronées. L'IA ne fait que copier et amplifier le modèle qu'elle observe. Si ses erreurs sont fréquentes, c'est bien parce que les sources qu'elle ingère sont imparfaites dès l'origine.

Comment éviter cette dérive ?

  1. Mieux contrôler les sources d'entraînement, un tri rigoureux des bases de données permettrait d'éviter d'intégrer des informations erronées dès le départ.
  2. Développer des mécanismes de doute dans l'IA, plutôt que d'affirmer une information, l'IA pourrait signaler des incertitudes et suggérer des vérifications.
  3. Renforcer la vérification humaine, l'IA doit être un outil d'aide, non une autorité. Croiser ses réponses avec des sources indépendantes est indispensable.

Loin d'être une entité autonome ou responsable de ses erreurs, l'IA n'est qu'un outil qui reflète et amplifie la qualité des données humaines. Ce n'est pas une intelligence indépendante, mais un système qui reproduit mécaniquement les modèles qu'on lui fournit. Si elle se trompe, c'est parce que nous nous trompons.

La question n'est donc pas de savoir si l'IA est fiable à 100 %, mais plutôt de prendre conscience que la fiabilité de l'information dépend avant tout de nous, humains. L'IA ne fait que reproduire ce qu'on lui donne -- et si elle amplifie les erreurs, c'est parce qu'elles étaient là bien avant elle.

Dans cette partie d'échecs entre l'homme et l'IA, il ne faut pas tomber dans la facilité de l'anthropomorphisation, comme un enfant cherchant à rejeter la faute sur un autre. Ce n'est pas « l'IA qui se trompe », mais l'homme qui doit assumer la responsabilité des modèles qu'il crée. Seule une vigilance active permettra de garder le contrôle sur l'information, plutôt que de la subir.

Et pour les journalistes...

Vous voyez ? L'IA ne remplacera pas les métiers humains. Elle n'est pas une menace, mais un défi. Un défi qui pousse à mieux faire, à être plus rigoureux, à élever les standards.

D'ailleurs, une habitude bien ancrée dans l'humanité est de toujours rejeter la faute sur l'autre. C'est pas moi, c'est lui ! Un grand classique, non ?

Alors, au lieu de blâmer une machine qui n'a ni conscience ni volonté, pourquoi ne pas se remettre en question ? L'IA ne fait que révéler nos propres erreurs. Si nous voulons un monde d'informations plus justes et plus précises, la responsabilité nous revient entièrement.

Finalement, l'IA ne vole pas les métiers, elle force les humains à s'améliorer. Une bonne nouvelle, non ?

Conclusion : L'IA n'est pas une entité, elle est un miroir

Loin d'être une entité autonome ou responsable de ses erreurs, l'IA n'est qu'un outil qui reflète et amplifie la qualité des données humaines. Ce n'est pas une intelligence indépendante, mais un système qui reproduit mécaniquement les modèles qu'on lui fournit. Si elle se trompe, c'est parce que nous nous trompons.

La question n'est donc pas de savoir si l'IA est fiable à 100 %, mais plutôt de prendre conscience que la fiabilité de l'information dépend avant tout de nous, humains. L'IA ne fait que reproduire ce qu'on lui donne -- et si elle amplifie les erreurs, c'est parce qu'elles étaient là bien avant elle.


Olivier Evan, www.ai7ia.com @olivier_evan

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