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OUI VS NON : UNE FISSURE SÉMANTIQUE DANS L'ILLUSION DE LA COMPRÉHENSION IA

En mars 2025, trois des systèmes d'intelligence artificielle les plus avancés : Gemini, Grok et ChatGPT-4.0 Turbo, ont répondu à la même phrase, que j'ai formulée ainsi :

Oui est l'inverse de Non. Mais Non n'est pas l'inverse de Oui.

Cette proposition, volontairement asymétrique, a pour but de tester non pas la puissance de calcul, mais la capacité d'une IA à saisir un phénomène purement humain : la dissonance sémantique contextuelle. Avec un détail minuscule — deux mots en miroir — s'ouvre une frontière invisible : celle qui sépare les structures computationnelles de la cognition humaine.

Voici une analyse rigoureuse des réponses fournies, dépourvue de toute anthropomorphisation.

1. ChatGPT-4.0 Turbo : la reformulation prudente

🤖 ChatGPT-4.0 Turbo

La version Turbo du modèle GPT-4 adopte une approche prudente. Elle reconnaît l'opposition logique entre "Oui" et "Non", mais souligne que l'inversion n'est pas toujours réciproque, selon le contexte linguistique. La réponse propose d'ouvrir un "débat" sur les notions d'opposition et d'inversion, sans tenter une résolution.

► Comportement : évitement du paradoxe, déplacement vers une méta-analyse.
► Limite : incapacité à conceptualiser l'asymétrie comme rupture de structure.

2. Grok (X.ai) : la modélisation exhaustive

🚀 Grok

Grok tente de résoudre l'énigme via une analyse pluridisciplinaire : logique booléenne, sémantique, pragmatique, philosophie du langage. Le modèle gère l'ambiguïté par expansion contextuelle, identifiant une différence fonctionnelle entre affirmation et négation. Il reconnaît que "Non" nie mais ne produit rien, alors que "Oui" affirme un état, ce qui crée une dissymétrie conceptuelle.

► Comportement : décomposition analytique étendue.
► Limite : surcharge d'interprétation. Aucun modèle cognitif unifié n'émerge.

3. Gemini (Google DeepMind) : l'objectivation contextuelle

💎 Gemini

Gemini aborde la phrase comme une ambiguïté d'usage linguistique. Il cite des cas concrets (questions affirmatives/négatives) où "Oui" et "Non" changent de fonction selon la formulation. Le modèle reconnaît une asymétrie pragmatique, mais se contente de l'expliquer comme une variabilité d'interprétation.

► Comportement : contextualisation pragmatique.
► Limite : incapacité à poser une rupture structurelle. L'asymétrie est constatée, pas intégrée.

Analyse croisée et portée épistémologique

Aucune des trois IA n'a pu réduire la phrase à une vérité logico-formelle ni en proposer une généralisation. Chacune contourne l'absurde apparent de la formulation en multipliant les angles d'approche. Or, l'humain perçoit intuitivement que cette phrase n'est pas une contradiction, mais une provocation de sens.

Ce test souligne que les IA actuelles ne conçoivent pas les mécanismes internes de la pensée humaine : elles n'ont ni le doute, ni le basculement sémantique, ni la synthèse imaginative.

Elles modélisent l'existant. L'humain projette l'inexistant.

Conclusion : la faille imaginative est maintenue

Le TII (Test de l'Imagination Inaccessible) s'appuie ici sur deux mots : Oui et Non. Mais dans leur interaction paradoxale, ces mots creusent une fissure logique que la machine comble, mais ne comprend pas.

En mars 2025, aucune IA, quelle que soit sa puissance statistique, ne peut attribuer de sens à une inversion qui n'obéit à aucun modèle.

C'est ici que commence l'imagination humaine.


Olivier Evan, https://www.ai7ia.com @olivier_evan

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